Festival Onam
ONAM
Discours divin tenu par
Bhagavan Shri Satya Sai Baba
le 25 août 1999
(traduction de l’anglais en version intégrale tirée de l’audiocassette
diffusée par l’Ashram)
Note d’introduction
Le festival de l’Onam est la plus grande célébration annuelle dans l’Etat du Kérala (Inde du Sud). Il rappelle un épisode du Vishnu Purana dans lequel Vishnou sous la forme de l’Avatar Vâmana, dissout l’orgueil de l’empereur Balî.
Balî était un démon, petit-fils de Prahlada, engagé dans la conquête de tous les territoires des dieux. Il s’installa avec son armée dans la cité d’Amaravati, capitale du paradis d’Indra (dieu du plan mental) et contraignit Indra et les dieux à battre en retraîte. Se sachant invincible, il était plein d’orgueil et de présomption. La consternation des Devas était telle qu’ils décidèrent d’implorer la protection de Vishnou. Le Protecteur de l’univers prit alors la forme de l’avatar Vâmana, un brahmane de basse stature à l’apparence inoffensive qui se présenta à la cour de l’empereur Balî au moment où celui-ci célébrait le grand Ashvameda[1]. Dans le respect des traditions, l’empereur accueillit dignement le brahmane-nain et pour lui rendre les honneurs de sa visite, il lui proposa en don des vaches et de l’or ; mais Vâmana hocha la tête et lui dit “ tout ce que je désire, c’est un terrain de la mesure de trois de mes pas.” Balî pensa “ c’est un nain, ses pas ne sont pas grands, pourquoi ne pas lui concéder ce qu’il demande ?” Le précepteur de Balî avait toutefois la vision divine et sentait qu’il ne s’agissait pas d’un brahmane ordinaire, mais de Vishnou en personne. Il conseilla fermement à l’empereur de ne pas concéder au brahmane ce qu’il demandait. Mais Balî avait déjà donné sa parole au brahmane et ne voulant pas trahir une promesse, il préféra désobéir à son précepteur. Il se mit à laver respectueusement les pieds du brahmane, mais aussitôt que Balî eut touché l’un des pieds de Vâmana, celui-ci devint de plus en plus grand jusqu’à assumer une forme gigantesque. L’empereur vit sur son corps l’univers tout entier. Vâmana fit le premier pas et occupa toute la terre, il fit un deuxième pas et occupa tout le ciel. Alors l’empereur le pria de faire le troisième pas sur sa propre tête et d’écraser son égo. Avec la défaite de Balî tous les démons se retirèrent dans les mondes inférieurs et libérèrent ainsi les territoires des dieux de leur présence maléfique. Vishnou autorisa toutefois Balî à visiter son royaume une fois par an et ce jour est célébré sous le nom de Onam.
(Swami chante)
YATRA YATRA MANA SPHURTI
TATRA TATRA JAGAT TRAYAH
YATRA YATRA MANO NASTI
TATRA TATRA NAKINCANA
Incarnations de l’Amour divin,
Chaque fois que le mental est actif vous expérimentez les trois mondes[2], mais lorsqu’il est rendu silencieux vous n’avez plus rien en face de vous. Le mental est la cause première de tous les problèmes, des anxiétés et des préoccupations.
Pour annihiler son mental, il faut mettre les désirs en échec.
(Swami chante)
Les arbres manifestent leur respect du principe sacré de l’équanimité
en offrant leur ombrage à tout venant,
sans regard pour sa caste, sa race ou sa communauté d’appartenance.
Les montagnes majestueuses et imposantes
nous enseignent à ne pas nous attacher à notre corps
car elles supportent elles-mêmes les froids polaires
et les chaleurs étouffantes au fil des saisons.
Les oiseaux nous enseignent à ne pas nous préoccuper
du lendemain ni de l’avenir.
La mort nous enseigne que rien n’est permanent,
que la famille est un pur mirage,
que l’idée de considérer les choses comme “miennes” ou “tiennes”
est totalement illusoire.
Tout est illusion,tout est produit de l’imagination.
La nature verse des larmes en nous suppliant de rejeter l’illusion
et cette idée fausse qu’est l’appropriation.
La Nature est le meilleur prédicateur,
permettant aux créatures vivantes de passer
par différentes expériences.
Dieu Tout-Puissant Lui-même est le Guru, le Précepteur.
Incarnations de l’Amour divin !
La Nature représente un exemple pour l’humanité tout entière en offrant des leçons sur des sujets tels que Sacrifice et Discipline spirituelle.
Les arbres offrent un abri dans la fraîcheur de leur ombrage à tous les oiseaux et animaux sans exception, leur donnant ainsi de la joie ; les arbres ne blessent jamais personne, accordant même leur ombre à ceux qui viennent couper leurs branches.
Les arbres rendent service au monde entier et se retirent pacifiquement.
Les montagnes enseignent au monde la leçon forte de la patience, affrontant les rigueurs des saisons et résistant aux chaleurs et aux froids violents, aussi bien qu’aux pluies torrentielles.
Et les oiseaux, voyez comme ils apaisent leur faim jusqu’à satiété, mangeant ce qu’ils trouvent et sans se préoccuper du futur. Les oiseaux adaptent leur comportement à la situation présente et aux circonstances du moment sans penser au lendemain.
ANITYAM ASUKHAM LOKAM
IMAM PRAPYA BHAJASVAMAM
Le monde est temporaire et plein de misères,
chante donc les louanges de Dieu.
Plusieurs personnes voudraient mettre fin à leurs jours lorsqu’elles constatent la misère, la tristesse de l’existence et de la vie de famille qui n’est en fait qu’une illusion. Dans de telles circonstances, comment se fait-il que l’homme ne soit pas en mesure de cultiver l’esprit de sacrifice ? En dépit d’expériences répétées il ne pense qu’à satisfaire ses désirs, des désirs sans limites.
Ce n’est que depuis une période récente que l’homme passe par tant de misères et de difficultés. Depuis l’antiquité il y eut en cette terre sacrée de Bharat, des adultes, des saints puissants et des sages qui enseignèrent le principe du sacrifice et de la discipline spirituelle, conférant ainsi la paix et la sécurité à toute l’humanité. Les rois eux-mêmes nourrissaient et encourageaient ces principes spirituels.
Il y a précepteur et disciple. Qui est notre Guru - notre précepteur - ? C’est la Nature, elle nous enseigne la diversité existante en son sein, elle soutient la paix, elle stimule la compassion et aime tous les êtres sans différence. La Nature a toujours enseigné ces principes mais le genre humain les oublient en ce moment.
L’empereur Balî enseigna à tout le monde le principe fondamental du sacrifice[3] en pratiquant des rites sacrés tels que le Yagna[4] et le Yaga[5].
Il récusa son précepteur Sukrâcharya lorsque celui-ci manifesta son opposition aux intentions de l’empereur de réaliser son sacrifice. “Est-il honnête de revenir sur une parole donnée ? En vérité j’ai fait une promesse à Vâmana et j’ai la ferme intention de l’honorer. Je ne veux entendre les conseils de personne” dit-il.
Vâmana prit possession de l’univers tout entier et des trois mondes par trois enjambées.
Le pays de Bharat emblème du sacrifice, de la spiritualité et de la paix, vit un moment de grande tristesse car il est plein d’agitation, d’injustice, d’hypocrisie etc.
Nous ne devrions jamais nous accrocher à cette vie physique car elle est destinée à décliner, à se détériorer et à disparaître à n’importe quel moment.
Nous devrions nous souvenir constamment de la lumière de l’esprit, de l’Atma, qui ne pâlit ni ne s’éteint jamais, qui est toujours vive et resplendissante.
Nous devrions garder sans cesse à l’esprit ce Principe atmique toujours brillant, resplendissant, éternel et immortel et non les joies et les plaisirs passagers du monde temporel.
La Nature a deux aspects : l’un relatif au point de vue matériel et le second au point de vue spirituel.
Tout ce que vos yeux voient, vos oreilles entendent, toutes les pensées nées de votre esprit, tout cela appartient au point de vue physique.
Mais derrière toute cette nature apparente il y a le principe caché de l’Atma.
Prenez le cas d’un vaste palais, vous pouvez en voir la grandeur et l’élégance, mais de quoi dépendent-elles ? Le palais tout entier repose sur des fondations cachées, non-apparentes. Des fondations que vous ne pouvez ni voir ni entendre sont la base du palais. La construction sera solide dans la mesure où les fondations sont robustes.
Nous pouvons comparer notre corps à un bâtiment dont les fondations sont représentées par le mental. Si celui-ci est ferme et stable, le corps connaîtra également un état d’équilibre ; mais si le mental vacille, le corps aussi sera instable. Il est donc absolument nécessaire de révéler le mental dont la nature est éternelle et stable, afin qu’il reflète le principe de la Vérité.
Puisque vous avez pris naissance ici-bas, chaque individu devrait connaître le secret de chaque partie de son corps. Qu’est-ce que le corps, le mental, l’intellect, les sens ?
Cette existence incarnée demande que l’on connaisse la nature du corps, du mental, des sens, de l’intellect.
Si vous désirez conduire une voiture vous devez forcément savoir où se trouvent le starter, comment faire fonctionner les freins, où est placé l’accélérateur ...etc de sorte que votre voyage soit aisé et agréable.
Votre corps est semblable à une voiture, vos yeux en sont les phares, votre coeur est le moteur, votre estomac est la réserve de carburant, les Valeurs humaines sont les roues. Ces roues se meuvent vers l’extérieur, mais comment entrent-elles en mouvement ? Elles tournent sous la direction du volant qui est à l’intérieur.
Le volant est votre mental. Vous ne pouvez pas bouger simplement les roues et c’est tout. Non, il faudra imposer au volant qu’est votre mental d’arriver à la destination que vous vous fixez.
Nous devrions donc nous efforcer de bien comprendre la nature de notre mental. Le mental reste en vie, il persiste même après la mort du corps.
Si son esprit est saint et sacré, l’homme le sera aussi ; si au contraire son esprit est pollué et vicié, l’homme reflètera cette condition.
L’homme moderne a l’esprit profondément pollué, plein de pensées négatives.
Etant à ce point saturés de pensées obscures, comment espérez-vous voir ce qui est positif ?
L’homme, tout négatif qu’il soit, aspire paradoxalement à vivre dans la paix, la sécurité et la santé, mais en réalité on ne trouve parmi les humains aucune espèce de joie ou de paix. N’importe quelle expérience vécue ne produit qu’une joie temporaire.
Il faut donc rechercher la paix éternelle, permanente, à l’intérieur de soi.
Les Védas déclarent :
MANAEVA MANUSHYANA KARANAM
BANDHAMOKSHAYOH
Le mental est responsable aussi bien de la servitude
que de la Libération.
Le mental est cause du bien comme du mal. Il est responsable de la servitude comme de la libération, la joie et la peine dépendent totalement de lui.
L’homme qui se rend esclave de son mental va tituber dans l’existence, il ne sera jamais stable, pas même un instant. Dans ces conditions Il est bien difficile d’expérimenter la joie permanente et d’en jouir.
Par conséquent la toute première chose à faire est de rectifier son propre mental
Quoi que l’homme fasse ou perçoive, il devra tout d’abord discriminer entre bon et mauvais, entre juste et faux.
L’erreur de l’homme réside dans le fait qu’il utilise sa faculté de discernement à sa convenance,car il se laisse conditionner par les intérêts immédiats. Il perd la notion du discernement fondamental et se contente de juger les choses d’un point de vue individuel. Voilà pourquoi l’homme commet des erreurs.
Le discernement fondamental implique que l’on reconnaisse la Vérité permanente qui est identique pour tout le monde.
La Vérité est Dieu
L’Amour est Dieu
Vivez dans l’Amour.
La Vérité est Vérité en tout lieu ; il n’existe pas de vérité valable seulement pour l’Amérique, pour le Japon ...etc.
La Vérité est Une et unique pour tous. Elle est indivisible. Elle est permanente dans les trois périodes du temps (passé-présent-futur).
Nous devrions avoir une foi totale en cette Vérité fondamentale, une foi qui émane de notre Hridaya - notre coeur spirituel -. Nous devrions nous baser sur la Vérité qui provient du coeur.
A partir du moment où l’on a de telles pensées sacrées, notre mental est maîtrisé.
Il faut d’abord contrôler notre mental.
Aujourd’hui hélas, nous avons des désirs sans limites. Bien sûr les désirs sont nécessaires, nous avons besoin d’une place dans la société, mais ces désirs ne devraient pas être effrénés. Fixez un plafond à vos désirs.
L’homme ne fait aucun effort pour contrôler ses désirs. Même les Sannyasins - les renonçants- ne sont pas capables de mettre leurs désirs en échec et ne sont pas différents des hommes du monde ; leurs désirs sont sans limites. Ces désirs croissent à la même allure que leur ashram s’agrandit.
Pour quelle raison ? Dans l’intérêt de qui ?
Voilà pourquoi Adi Shankara disait :
(Swami chante)
MA KURU DHANAJANA YAUVANA GARVAM
HARATI NIMESAT KALAH SARVAM
Ne sois pas orgueilleux de tes richesses, de ta jeunesse
ou de ta progéniture.
Tout cela est balayé par le temps en l’espace d’une seconde.
Les jeunes aussi sont négatifs actuellement. Richesses, jeunesse, statut social ... etc.
tout est éphémère. Combien de temps serez-vous jeunes ? Tout passe en un éclair, tout est nuée passagère. Pourquoi et comment considérez-vous comme permanents des nuages passant simplement dans le ciel ?
Vous devriez plutôt les tenir sous contrôle et agir en conséquence.
Vous venez d’entendre un chanteur entonner une composition de Tyagaraja :
(Swami chante)
SAMAYANIKI THAGU MATALADEDU ...
Dieu parle en rapport avec la situation,
les circonstances et le moment.
Tyagaraja reconnut lui aussi le principe fondamental de la Vérité et de l’Amour divins et le propagea dans le monde. Il avait compris sa vérité intérieure.
Lorsque l’homme ne parvient pas à supporter les souffrances, les tensions et l’épuisement, il l’exprime. Il ne peut pas à contrôler son mental lorsqu’il se trouve en grave difficulté. Ceci est dû à sa faiblesse de caractère, alors dans les moments de faiblesse il blâme Dieu. Il pense que sa dévotion est grande mais que Dieu manque de pouvoir.
Tyagaraja disait “ Râma, ma dévotion envers Toi est vraiment grande, mais Tu n’es pas en mesure de me protéger ! “
Ensuite il se retira en méditation pour un moment et la vérité revint en son coeur. Il se sentit navré des paroles adressées à Râma. Il dit “ô Râma, Tu connais ma faiblesse ;
je ne suis pas capable de la connaître moi-même.”
Il se mit à composer une prière :
(Swami chante)
ô Râma, si Tu n’étais vraiment divin,
un singe tel qu’ Hanuman aurait-il pu traverser l’océan ?
la déesse Lakshmi T’aurait-elle jamais aimé ?
Lakshmana Ton frère T’aurait-il vénéré ?
et le brillant Bharata T’aurait-il servi ?
“ô Râma, continua-t-il, je ne peux estimer ni mesurer Ton pouvoir. Ta puissance divine est inimaginable, hélas mon coeur est bien étroit pour évaluer tant d’infinitude”.
Si vous êtes de “petits esprits” comment pourrez-vous jamais estimer la dimension divine. En ce vaste monde, vous devriez avoir l’esprit large ; ceci vous permettra de comprendre la Divinité infinie.
L’homme d’aujourd’hui vit son existence avec un esprit étroit. Il vit une existence de désirs et non d’idéaux.
Vous devriez être exemplaires et cultiver sans cesse des sentiments et des pensées sacrés. Abandonnez tout sentiment profane. Ayez une foi totale en la Divinité. Cette foi vous permettra d’accomplir toute chose.
Incarnations de l’Amour divin !
La foi est essentielle pour le genre humain.
Là où il y a la Foi, il y a l’Amour.
Là où règne l’Amour, il y a la Paix.
Là où règne la Paix, il y a la Vérité.
Là où l’on trouve la Vérité, Dieu y demeure.
Là où Dieu est présent, il y a Béatitude.
La Vérité - Satya - est Nîti - le principe moral. La race humaine devrait se modeler sur ce principe.
En accord avec la Vérité nous avons la Rectitude - Dharma - qui est Rîti - procédure.
Et en conséquence de leur interaction nous avons Khyati - la réputation.
La race humaine est donc fondée sur ces trois aspects Moralité - Juste Conduite - Réputation.
L’humanité d’aujourd’hui n’a plus de moralité ni de juste conduite et encore moins de bonne réputation. Comment pouvez-vous vous qualifier d’êtres humains ? Votre humanité est toute extérieure, dans la forme, mais inexistante dans la pratique.
L’homme est agité à cause de son mental. La faculté mentale est très importante, car l’homme - Manava - privé du mental n’est plus un homme.
C’est le mental qui permet à l’homme de se considérer comme Manishi - humain- .
Puisque vous êtes des humains vous devriez connaître votre Soi et vous conduire en conséquence.
Beaucoup d’individus sont incapables d’avoir foi en Dieu.
Qui est Dieu ? Les Védas déclarent
SARVATAH PANI PADAM TAT SARVATOKSHI SIROMUKHAM
SARAVATAH SRUTIMALLOKE SARVAMAVRITYA THISTATI.
Par Ses membres, Ses yeux, Ses oreilles, Sa bouche et Sa tête
Dieu imprègne tout l’univers.
La Divinité est en toute chose. Dieu est présent partout. Lui seul se meut dans toutes les directions. Bien que Dieu imprègne toute chose de tout Son pouvoir, l’homme entend se créer lui-même. Finalement les pouvoirs humains ne sont que transitoires !
Incarnations de l’Amour divin !
Vous avez beau posséder une grande force physique, vous ne pourrez pas vous appeler “êtres humains” si vous n’avez pas de force mentale. Il faut que vous contrôliez votre mental.
La vie est un défi, relevez-le.
La vie est un jeu, jouez-le.
La vie est amour, appréciez-le.
La vie est Conscience.
Cette Conscience, qui est principe d’Amour, est omniprésente, expansive, diffuse en tout lieu.
Sans amour vous pouvez vous considérer comme des cadavres.
AMOUR - AMOUR - AMOUR. L’Amour est tout. Vivez dans l’Amour.
Quelle sorte d’amour ? Votre amour devrait être dépourvu de tout égoïsme. Il ne devrait jamais être égocentrique. Un amour totalement désintéressé.
L’Amour vit en donnant et pardonnant.
L’égo vit en prenant et oubliant.
Croissez en amour, de plus en plus. Cet Amour est Unique et identique pour tout le monde.
Il existe actuellement 5.500.000.000 d’êtres humains sur la planète. Chaque individu a recours au mot “je” lorsqu’il veut s’exprimer. Si vous demandez à n’importe qui, sur toute la surface du globe, “qui êtes-vous ?” la personne vous répondra “Je suis un tel...”, “Je suis tel autre ...”
Comment pouvez-vous connaître ce Je ? Croyez-vous assimiler les 5.500.000.000 de noms différents ? Comment connaître le Je qui est commun à tous les individus ?
Si vous connaissez ce Je singulier, vous connaissez d’emblée tout le reste.
Vous voyez un grand nombre d’ampoules électriques éclairer le hall. Un même courant alimente toutes ces ampoules. Au moment précis où vous poussez l’interrupteur, toutes les lampes s’allument.
De la même façon si vous connaissez le principe du Je, vous connaîtrez automatiquement le principe de l’univers.
Vous devriez vous posez la question “Qui suis-je ?” et abandonner le genre de questions “Qui êtes-vous ? Que faites-vous ? ...”
Si vous commencez par vous connaître vous-mêmes, tout le reste vous sera connu.
Comprenez bien quelle est la cause de toutes les agitations, des batailles et des conflits. Une personne en accuse une autre. Celui qui est accusé se sent mal à l’aise.
En réalité l’accusateur et l’accusé ne sont pas séparés, mais comme l’accusateur se considère comme un être séparé, il voit dans l’accusé un être différent de lui-même.
Vous devriez mettre vos agitations mentales en échec.
Vous pensez “Il me critique, je suis la cible de ses critiques”, mais en réalité, qui est le Résident intérieur en chacun ? Le même Atma est présent à la fois dans l’accusateur et dans l’accusé. Comprenez donc clairement que lorsque vous critiquez quelqu’un, vous ne faites que vous critiquer vous-mêmes ; dès lors vous n’arriverez plus à critiquer qui que ce soit.
Une fois connu ce principe permanent du “Je” identique en chaque individu, le monde entier vivra dans la paix et la sécurité. Certains adorent, certains autres sont objets d’adoration. Celui qui offre son adoration est un dévôt ; celui qui reçoit l’adoration est Dieu. Dieu et le dévôt ne sont pas séparés l’Un de l’autre. En effet, adorateur et adoré possèdent le même principe atmique.
Vous ne devriez donc pas dire “Le dévôt adore Dieu”. Non ! Il s’adore lui-même !
Tâchez de connaître le principe unifiant de l’Atma. Le même Atma demeure dans tous les êtres vivants. Une fois que vous êtes convaincus de l’uniformité de l’Atma en tous, éloges et blâmes ne vous touchent plus.
L’illusion, l’imagination est responsable de tous les conflits. Qu’entend-on par illusion et qui est Brahmâ, la Divinité ?
Brahmâ - le Divin - et Bhranti - l’illusion - ne sont pas séparés.
Brahmâ est la réalisation de l’Unité dans la multiplicité.
Bhranti est ce qui fait voir l’Unité comme une pluralité. L’illusion consiste à voir la multiplicité là où existe l’Unité.
L’Atma qui est unique et identique en tous est Brahmâ.
Cultivons donc le principe de l’Unité dans la diversité. C’est la pratique spirituelle maîtresse, il n’en est pas de supérieure à cela.
Quelle que soit la sadhana entreprise, pratiquons-la avec amour.
AMOUR - AMOUR - AMOUR
Amour et Amour seulement. Il n’est rien de supérieur à l’Amour.
En fait l’Amour est la toute première exigence en chaque individu. Sans amour on ne peut pas exister. Dès lors vous devriez soigner attentivement cet Amour.
Lorsque votre coeur est débordant d’amour tout vous appartient ; vous n’éprouvez d’aversion envers personne; vous n’êtes jamais jaloux des autres. Ces sentiments négatifs ont été façonnés par vous-mêmes et pour vous en débarrasser il faut entretenir des pensées positives.
Les Védas déclarent
ISVARA SARVABHUTANAM
Dieu demeure dans toutes les créatures.
et encore
SARVAM KALVIDAM BRAHMAN
Tout cet univers est divin.
Quel statut vous faut-il pour comprendre ces paroles ?
A partir du moment où vous ferez croître les vertus en vous, vous comprendrez le principe de l’égalité.
Pour accéder à la compréhension de la doctrine védique il faut avoir des pensées sacrées.
NA KARMANA NA PRAJAYA DHANENA
TYAGENA IKE’ MRITATVAMANASUH
Si plusieurs ont obtenu l’immortalité
ce ne fut ni par les actions, ni par la descendance
ni par les richesses,
mais grâce au détachement.
En vérité il n’est rien de plus haut que le Sacrifice. La position en vue que vous occupez aujourd’hui peut vous être soustraite demain. Au moment où vous avez un rôle important dans la société des centaines de voitures vous suivent dans vos déplacements, mais à peine perdez-vous ce rôle, il n’y a plus une seule voiture à votre suite[6].
Est-ce cela être respecté ? Est-ce là un tître de courtoisie ? Non !
Gagnez la réputation, le tître de Amritasya Putrah - fils de l’Immortalité -.
Dites-vous “Je suis un fils de l’Immortalité - Amrita - pas un fils du mensonge - Anrita-”
Votre corps est fait de glaise - Mrinmaya - et ce corps contient la conscience - Chinmaya - ; cette conscience (Chinmaya) est intérieure tandis que le corps (Mrinmaya) est à l’extérieur et apparaît ; cela n’est que vibration. Ne vous laissez pas impressionner par cette vibration.
Comprenez plutôt la divinité qui active le principe majeur. Cela est sagesse authentique que les Védas appellent
PRAJNANAM BRAHMA - CONSCIENCE INTEGRALE CONSTANTE
Cette Conscience intégrale constante est présente en vous et c’est elle qui permet au corps, au mental et à l’intellect de fonctionner.
Les Védas ont institué quatre grandes maximes :
- PRAJNANAM BRAHMA - la Conscience intégrale constante est Dieu
- AYAMATMA BRAHMA - Cet Atma est vraiment Dieu.
- AHAM BRAHMASMI - Je suis le Brahman
- TAT TVAM ASI - Tu es Cela.
Sachez bien cette vérité : il n’y a pas de différence entre vous et Cela[7]
Vous pensez “je suis séparé de Swami”! (Swami dit en anglais) Vous et Moi ne sommes pas séparés. En réalité vous n’êtes pas Miens et Je ne suis pas vôtre. Vous n’êtes pas séparés de Moi, donc Je ne suis pas vôtre et vous n’êtes pas Miens.
VOUS ET MOI SOMMES UN !
Il n’y a aucune différence entre nous. L’expérience de la Non-Dualité est vraie sagesse
La dualité n’existe pas réellement, l’Un seul existe.
Sachez bien cela.
En arythmérique, 1+1+1+1 = 4.
Mais Je + Je + Je+ ... des millions de Je font toujours Je car Je est toujours Un, c’est à dire Dieu.
C’est ce qui est signifié par la maxime Aham Brahmasmi.
La connaissance de cette vérité vous permettra de comprendre que vous êtes essentiellement divins.
Chaque principe contient la plus haute spiritualité.
Il est bien ardu de comprendre la nature du divin.
Vous appartenez à l’Etat du Kerala, par conséquent vous aurez entendu beaucoup d’opinions athées[8]. Plusieurs personnes prétendent que l’on ne devrait pas croire en ce qui n’a pas de forme. Où trouvez-vous quelque chose sans forme ?
N’importe quel savant, intellectuel, érudit est incapable de décider sur une chose seulement, ils s’aventurent donc dans la diversité en oubliant complètement le principe sous-jacent de l’Unité.
Où trouvez-vous la forme ? Tout a une forme ; l’atome a une forme, vous ne pouvez le nier ; et la matière est en fait une combinaison d’atomes.
Dieu a une forme. Dieu, le Divin est Nirgunam, Niranjanam, Sanâtanam, Nityam, Niketanam, Suddha , Buddha, Mukta, Nirmala svarûpinam - sans attribut, immaculé, antique, éternel, refuge ultime, pur, conscient, libre et l’expression même de la sacralité-.
Toutes les formes sont divines. Il n’existe pas de forme dépourvue de divinité.
Même les insectes sont divins. Existe-t-il quelque chose sans forme ?
A partir du moment où vous avez pleine foi en cet aspect formel de Dieu, l’amour naît en vous envers toutes les formes.
Visualisez la Divinité dans toutes les formes.
Un jour les Gopikas se sentirent déprimées car Krishna partait pour Mathura. Elles ne supportaient pas la douleur de la séparation. Elles se dirent “Puisque Krishna est partout, où pouvons-nous Le chercher ? Son corps seul est parti à Mathura, pas notre Krishna. Le corps peut se déplacer où il veut, mais l’Atma est toujours présent.
(Swami chante)
ô Krishna pourrons-nous jamais Te connaître ?
Tu es plus petit qu’un atome et plus vaste que l’infini.
Tu demeures dans les 8.400.000 espèces vivantes.
ô Krishna pourrons-nous jamais Te connaître ?
Qui est en mesure de décider que Dieu est ici et pas là ? Qui peut dire quoi que ce soit à Son propos ? Toute parole n’est qu’un reflet de notre ignorance.
Dieu est omniprésent.
Voici un petit exemple. Les cinq éléments sont divins. N’existe-t-il pas de l’air tout autour de vous ? Bien sûr ! Etes-vous capables de le voir ? Non, mais vous ne nierez pas son existence pour autant. Comment pourriez-vous vivre sans air ? L’air est présent sans aucun doute.
De la même façon Dieu est présent partout, mais vous ne Le voyez pas.
Cultivez la perception divine. Une fois que le principe de l’amour divin sera instauré en vous, vous jouirez de la manifestation de Dieu.
Si l’amour est absent ce n’est pas la haine qui vous fera voir Dieu.
Pensez à un miroir. Le revers du miroir est couvert d’un produit chimique qui vous permet de voir votre image dans le miroir. Sans ce produit chimique au revers aucune image n’apparaîtrait.
Votre coeur est semblable à un miroir. Enduisez-le d’amour au revers, le reflet de Dieu apparaîtra dans votre coeur.
Dès lors saturez-vous d’amour. Cet amour doit croître sans cesse; il existe en chacun mais il doit se développer. En pensant que l’amour est en chacun vous verrez disparaître l’aversion, la jalousie et la colère. En fait vous errez dans le brouillard à cause de cette colère, cette luxure, cette avidité.
Prenez par exemple de la cire, elle est dure comme un bloc de pierre, mais si vous l’exposez un moment à la chaleur, elle se ramolira.
Votre coeur est semblable à de la cire durcie, il est dur comme une pierre. Sous l’effet de la chaleur des émotions violentes telles que haine, avidité, luxure, il se ramolit. Il ne fond pas totalement, il devient un peu plus mou. Il ne fondra complètement qu’en étant exposé au feu.
Vous n’êtes pas en mesure de supporter, vous n’êtes pas prêts à expérimenter la divinité, c’est donc la luxure ou la colère etc.qui ramoliront votre coeur.
Mais à partir du moment où vous entrez en contact avec les rayons solaires de l’Amour divin, votre coeur fondra complètement.
Prahlada est la preuve vivante de cela. Bien qu’il soit jeté du sommet des montagnes, il continuait à chanter le doux nom de Narayana. C’est en effet le Nom du Seigneur qui fait fondre complètement le coeur.
Son père le noyait dans les profondeurs de l’océan et lui, en ce lieu même, continuait à chanter les louanges de Nayarana.
Il fut mis sous les pattes d’éléphants en furie, mordu par des serpents venimeux ...
mais il ne changea d’idée sous aucun prétexte, car Dieu était gravé profondément dans son coeur. Il était continuellement dans un état de béatitude. C’est cela la vraie dévotion.
Vous ne devriez pas vous durcir durant les difficultés et vous adoucir aux moments de satisfaction. Ayez le même sentiment d’amour en tout temps, dans la joie comme dans la peine, dans la perte comme dans les difficultés.
La dévotion intense de Prahlada lui permit de supporter toutes les souffrrances, les troubles et les tourments auxquels il fut soumis.
Les deux précepteurs de Prahlada, Chandra et Amaraka, vinrent trouver Hiranyakashipu et lui firent un rapport sur le comportement de Prahlada.
(Swami chante)
Lorsque Prahlada était attaqué de tous côtés par les démons,
il continua à chanter les louanges de Dieu et à L’exalter.
Il ne versa pas une seule larme.
ô roi, ton fils ne manifesta aucune crainte.
Prahlada ne versa pas une larme. Comment expliquer cela ? Parce que Dieu était en lui.
Là où il y a un nom, il y a une forme et puisque nom et forme sont présents, pourquoi devriez-vous pleurer ?
En vérité, peine et plaisir deviennent identiques.
Cette équanimité peut être atteinte à travers l’amour.
Incarnations de l’Amour divin !
Vous êtes tous des incarnations de l’Amour divin. Vous êtes des incarnations de l’Atma. Vous êtes divins.
Oubliez la perception du corps d’un simple être humain. Utilisez ce corps pour agir, mais comprenez bien l’Atma qui est présent en ce corps sous la forme de vibration.
La vibration rejoint la tête de devient rayonnement ; ce rayonnement est hautement créatif, c’est la divinité.
Accroissez cette divinité, ce Principe atmique, car l’Amour est le Principe fondamental.
A partir du moment où l’Amour est actif en vous, vous n’aurez plus d’aversion envers personne. La haine apporte la souffrance. Le monde est plein de haine en tout lieu.
Pourquoi devriez-vous détester les autres ? C’est votre égo qui suscite ce sentiment.
Voyez combien l’égo est dangereux. Là où règne l’égo la compréhension du Principe atmique est impossible.
Aussitôt que vous aurez annihilé votre égo, le Soi se manifestera à vous. Cette opération peut être accomplie par l’amour.
Vivez donc votre existence avec amour, il n’est pas de plus grande dévotion. Les rites d’adoration et autres rituels sont créés par vous-mêmes.
Adorez le principe de l’Amour.
(Swami conclut Son discours en chantant)
Prema Mudita Manase Kaho ...
Hari Bhajana Bina ...
Subramanyam, Subramanyam ...
[1]Littéralement : le sacrifice du cheval, pratiqué en temps védique par les rois désireux d’obtenir une descendance. A l’époque du Mahabharata, ce sacrifice prit un autre sens et fut pratiqué par les conquérants avec la conviction que cent sacrifices de ce type leur permettraient de conquérir le trône d’Indra. Lors d’un discours aux étudiants, Swami a expliqué que ce sacrifice représentait en fait la mort de l’égo, parce que le cheval est symbole de la force vitale.
[2]Mondes physique, astral et mental.
[3]Le mot “sacrifice” n’est pas à comprendre uniquement dans son acception négative de renoncement, holocauste, perte de quelque chose, mais aussi dans le sens positif d’offrande, de sacralisation, d’élévation à la dignité divine... etc.
[4]Sacrifice rituel védique, ou aussi n’importe quel acte de service au nom du Seigneur.
[5] Récitation de formules rituelles.
[6]Swami fait allusion aux Ministres qui viennent Le trouver avec une longue queue de voitures à leur suite.
[7]Cela -Tat -est l’expression par laquelle les Védas expriment l’Indicible, l’Innomable, l’Insondable.
[8]L’Etat du Kerala, dans le sud de l’Inde, est en majorité communiste depuis plusieurs années.